- sorgue
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⇒SORGUE, subst. fém.Arg., vieilli. Nuit; soir. Pendant la sorgue. On ne peut pas être là [avec sa femme] et ailleurs, quand on travaille à la sorgue ([L'HÉRITIER], Suppl. Mém. Vidocq, t. 2, 1830, p. 213). — Et puis nous avions peur d'être tout seuls comme ça la nuit. — On ne dit pas la nuit, on dit la sorgue (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 166).♦ Se refaire de sorgue. Souper. [Si] nous allions nous refaire de sorgue chez l'ogresse du Lapin-Blanc [?] (SUE, Myst. Paris, t. 1, 1842, p. 17).— P. anal. La grande sorgue. La mort; la fin du monde. C'est pas qu' j'ay' peur ed' la grand' sorgue (BRUANT 1901).REM. Sorguer, verbe intrans., arg. Passer la nuit. Content de sorguer sur la dure, va, de la bide [chaîne] je n'ai pas peur (VIDOCQ ds GUÉRIN 1892). Sorguer en blanc. ,,Veiller inutilement`` (ESN. 1966). Sorguer à la paire. ,,Courir toute la nuit, faute de logis`` (ESN. 1966). J' sorgue à la paire et j' fais ballon. Dans la rue (BRUANT, Dans la rue, t. 2, 1909, p. 14 ds CELLARD-REY 1980).Prononc.:[
]. Étymol. et Hist. 1628 (Le Jargon de l'Argot réformé ds SAIN. Sources Arg. t. 1, p. 199). Var. de sorne (1486 sur la sorne « à la brune », JEAN MICHEL, Mystère de la Passion, éd. O. Jodogne, 18612), empr. au prov. sorn (v. sournois).
DÉR. Sorgueur, subst. masc., arg., vieilli. Voleur de nuit. Synon. rôdeur. Après la communion du matin, lorsqu'il errait dans la ville en attendant le train de retour, il se prenait à envier les noceurs qui sortaient des hôtels de passe, et tout un monde sordide qu'il imaginait avec souffrance, de tenanciers repus, de sorgueurs et de filles de sang (AYMÉ, Jument, 1933, p. 112). V. gail ex. de Hugo. — []. — 1re attest. 1829 (Rec. d'arg. ds SAIN. Sources Arg. t. 2, p. 171); de sorgue, suff. -eur2 (cf. la forme en -eux 1561 sorqueux d'Antilfles, de Taudiz, RASSE DES NŒUDS, Abbuz et Chant Royal, éd. G. Esnault ds Romania t. 83, p. 304).
BBG. — CHAUTARD Vie étrange Argot 1931, p. 669.sorgue [sɔʀg] n. f.❖♦ Argot ancien. Nuit.1 Quelle bonne sorgue pour une crampe (quelle bonne nuit pour une évasion) !Hugo, les Misérables, IV, VI, III.2 Pour eux (les hommes de la pègre) l'idée de l'homme ne se sépare pas de l'idée de l'ombre. La nuit se dit la sorgue; l'homme, l'orgue. L'homme est un dérivé de la nuit.Hugo, les Misérables, IV, VII, II.
Encyclopédie Universelle. 2012.